Biographie


Il y a quelques jours, Amir surprenait tout le monde en faisant un aveu sur les réseaux sociaux. S’adressant à son public, l’artiste plaidait coupable de lui avoir caché que ses chansons dévoilées ces dernières années n’étaient pas des versions originales mais des reprises. Sans en dire davantage, le chanteur donnait rendez-vous le 19 août. De quoi surprendre plus d’un fan – et on les sait très nombreux à suivre l’itinéraire en or du musicien depuis six ans. Mais de quoi, surtout, annoncer de façon mystérieuse et ludique à la fois un nouveau chapitre dans son histoire déjà riche.

Collectionneur de prix (NRJ Music Awards, MTV Europe Music Awards…), héros de la FM grâce à une impressionnante accumulation de tubes (de J’ai cherché à La Fête, du récent carton de Rétine, single d’or et Chanson de l’année 2022, à l’irrésistible 1+1 partagé avec Sia) et roi de la scène (ses tournées s’enchaînent à guichets fermés), Amir est devenu une personnalité incontournable de la pop française, en réussissant ce dont peu d’artistes peuvent se vanter : atteindre le sommet et s’y installer durablement. Cette success-story, le musicien la doit à son talent de songwriter et de performer live mais aussi à sa capacité à sans cesse se renouveler, s’inventer de nouveaux défis, prendre des risques. Comme celui qui consiste à avouer à ses fans que les titres qu’ils connaissent par cœur depuis des années sont en fait des reprises… De là à imaginer que ces morceaux appartiennent depuis toujours à un autre auteur ? Mauvaise pioche ! Derrière cet étonnant aveu se cache une autre explication : les titres d’Amir tels que nous les connaissons tous aujourd’hui seraient des reprises de chansons d’un autre Amir- celui que l’artiste aurait pu incarner s’il avait officié il y a un demi-siècle. Encore une belle trouvaille née de l’imagination débordante de l’artiste.

Pour découvrir celles qu’il s’amuse donc à présenter comme des versions originales, Amir, qui avait déjà proposé une première réédition de Ressources en 2021, remet le couvert en publiant fin août une collection de titres baptisée R3SSOURCES. On y retrouve huit morceaux issus de son répertoire. Pour ce nouveau projet, le musicien a fait appel à Dudu Tassa, artiste israelien de grande renommée. « J’ai choisi cet artiste dont la musique m’a beaucoup accompagné et que j’ai souvent repris. Il a grandi dans le Tel Aviv des années 70 et il se nourrit de multiculturalisme, en composant des chansons qui font voyager de Shaft à la musique libanaise. J’ai toujours aimé ce melting-pot et j’ai eu envie de le confronter à mes propres chansons. »

Dans ce travail à quatre mains, Amir a aussi vu la possibilité de faire vivre à ses chansons un étonnant « Retour vers le futur ». « En travaillant avec Dudu, j’ai voulu donner une nouvelle vie à mes chansons mais aussi opérer un retour à 180 degrés vers le passé, parce que c’est un artiste très inspiré par le son des années 60 et 70, qui utilise des instruments anciens et privilégie les méthodes d’enregistrement de l’époque. Le fait d’avoir travaillé avec lui a permis que mes chansons soient déconstruites, métamorphosées même. Et qu’elles sonnent aujourd’hui comme si elles avaient déjà existé. »

Cette métamoprhose des titres d’Amir a été rendue possible notamment grâce au cahier des charges choisi par Dudu Tassa. « Dudu avait entendu parler de moi mais ne connaissait pas mon répertoire. Parce qu’il ne voulait pas que celui-ci l’influence dans ses choix, il m’a demandé de ne lui envoyer que mes voix. Il n’a pas écouté mes chansons et a travaillé seulement à partir de cette matière-là. » Ne connaissant ni les accords, ni le tempo, ni l’univers musical des morceaux, Dudu Tassa a pu travailler avec la plus grande liberté possible à l’élaboration de nouvelles enveloppes musicales. Le duo a ensuite prolongé la collaboration en multipliant les allers-retours entre Paris et Tel-Aviv et réenregistré l’ensemble des voix pour qu’elles s’adaptent aux nouvelles versions.

De ces règles du jeu et de ces échanges est né R3SSOURCES, une réédition hors-normes pleine de titres qu’on croirait entendre pour la première fois, et qui voit Amir plonger dans des styles et époques auxquels on ne l’associait pas jusque-là. Avec Au cœur de moi, il s’invite ainsi dans le disco des seventies ; sur Lune, il fait cohabiter influences anglosaxonnes, guitares funk et sonorités orientales. Pour J’ai cherché, pourtant le titre qui l’a fait connaître du public, Amir ose une interprétation radicalement différente, s’imposant aujourd’hui comme un troubadour folk cousin de Joan Baez. Une filiation inédite avec Cat Stevens se révèle enfin avec la nouvelle version d’À ta manière, qui offre un écrin doux et organique au texte très personnel du chanteur. « Ce projet me permet de vivre une parenthèse de rêve dans laquelle je sors un vinyle à l’ancienne, avec un son qui n’est pas le son propre et pop que j’ai eu l’habitude de proposer jusqu’à présent. Tout ici est très organique, vivant, humain. » De façon tout aussi inattendue, l’artiste ose d’étonnants mélanges, comme lorsqu’il fait convoler Abba et influences gitanes sur Carrousel ou transforme Les Rues de ma peine en une folle course poursuite digne d’un film de James Bond. De quoi surprendre le public à coup sûr, sans pour autant le dérouter tant le résultat est détonnant et naturel à la fois. Mieux encore : il y a fort à parier que ce R3SSOURCES accomplisse un double défi : remporter l’adhésion des fans tout en ouvrant le répertoire d’Amir à un public nouveau, séduit par l’audacieux pas de côté de l’artiste. « Je suis sans cesse à la recherche de la prochaine idée qui me permettra de ne jamais m’ennuyer dans mon travail, conclut-il quand on l’interroge sur sa capacité à s’inventer de nouvelles aventures. J’ai besoin de constamment jouer avec les outils qui me sont donnés. C’est ainsi que j’offre une récréation à mes propres chansons, que je sens mon projet vivre et grandir. » Plus qu’une récréation, Amir livre même ici une véritable « re création », à l’allure de formidable renaissance.

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